Quel est ton univers artistique ?
15 années dans la musique, électronique, expérimentale, rock, hip-hop, bruitisme. Je fais partie des groupes dDamage, Cobra, Sleaze Art, Cobra. J’ai également été guitariste pour Ingrid Astier, Mathilde Janin ou encore Pierre Richard. Mon projet solo se nomme dDash, il s’agit d’un projet de rock indé que je mène seul, mais parfois aussi en groupe sur scène. J’ai commencé à faire de la peinture aux alentours de 1992. Et puis, vers 2001, j’ai totalement stoppé ma carrière (qui commençait légèrement à décoller) pour me consacrer intégralement à la musique (qui commençait très sérieusement à décoller). C’est seulement il y a 4 ans que j’ai recommencé mes activités de dessin et de peinture, à l’occasion de la sortie de mon album solo de dDash ; pour lequel j’ai assuré la compo, le chant, l’interprétation de tous les instruments, mais aussi les illustrations de pochettes. Très naturellement, ce projet a relancé mes activités de dessin et de peinture. Rapidement, des gens comme Agnès b, Posca ou l’Insolante m’ont apporté leur support, ce qui m’a conforté dans l’idée qu’il fallait que je développe ce truc qui sommeillait depuis plus de 12 ans.
Comment définirais-tu ton style graphique ?
Ultra bordélique, j’essaie d’organiser la confusion. Je fais rentrer en collision des dizaines et des dizaines d’inspirations diverses afin de les imbriquer ensemble et de les faire cohabiter de manière harmonieuse. C’est tout ce que j’ai toujours cherché à faire avec la musique depuis des années. Pas mal de gens du milieu des galeries classent ça dans ce qu’on appelle “Art Brut” ou “Outsider Art”, qui sont pour moi des appellations que je ne connaissais pas il y a encore peu. Je sais pas trop quoi en penser, mais, disons qu’avec la musique, j’ai fini par comprendre qu’il fallait des étiquettes. Même si elles m’emmerdent, il en faut pour donner aux gens des points de repères. Mais bon, ce qui m’intéresse avant tout, c’est de brouiller les points de repères. Donc au final, c’est rigolo d’accepter ces étiquettes pour ensuite en faire absolument n’importe quoi.
Quel est ton rapport au skate ?
A la fin des années 80, j’avais une planche Natas Kaupas. L’illustration était un chat noir qui avait des griffes de Freddy Krueger. Avec des copains à Maisons-Alfort, on avait été voler un rail dans une gare désafectée et on l’avait ramené dans le quartier des Arcades pour faire des sliiiiiiiiiiiiiiides ! Du coup, j’ai ruiné l’illustration de ma planche. Sinon, toujours à Maisons-Alfort, il y avait durant mon enfance une architecture assez dingue dans le quartier des Juilliottes. C’est parfaitement dû au hasard, l’architecte avait réalisé un quartier intégralement constitué de des rampes monumentales sans savoir que cela serait pris d’assaut pas les skateurs et les bmx. Du coup, sur la fin des années 80, des gens venaient de la France entière pour faire du street dans ce quartier. Le truc complètement dingue, c’est qu’avec le bouche à oreille, on a finalement eu des gens qui venaient de l’étranger. Mat Hoffman, par exemple (avec le recul, je trouve ça totalement dingue). Par la suite, il y a eu une pétition du voisinage, et ce chef d’oeuvre architectural a été rasé pour être reconstruit en plat ; puis, cette ville est redevenue chiante comme la mort.
Comment tu vois le lien entre ton art et le skate ?
Illustrer une board était un rêve depuis mon enfance. Le lien est là, et je remercie le Shape de l’avoir réalisé.
Comment t’as envisagé la collaboration avec Le Shape ? Pourquoi ce dessin ?
Parce que j’aime tout simplement explorer de nouveaux supports. J’ai tout d’abord été attiré par l’atelier du Shape pour l’opportunité de créer une board. Mais par la suite, lorsque j’ai visité leur atelier et que je me suis aperçu des possibilités, de nouvelles idées sont apparues. Depuis nous avons fait une board, mais aussi de la gravure sur verre, et nous projetons de faire une guitare électrique un de ces jours.
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